Depuis l’Antiquité, l’homme a cherché des techniques pour pouvoir reproduire rapidement et automatiquement des formes et des signes, sans avoir à recourir au dessin pour chacun d’entre eux. Il y a plus de 35 000 ans, les hommes utilisaient leurs mains comme pochoirs sur lesquels ils soufflaient du pigment pour décorer leurs grottes. Il ne s’agissait pas d’un simple dessin, mais d’un geste automatique qui permettait une reproduction “de masse” rapide, bien que rudimentaire.
Aujourd’hui, l’impression industrielle est loin d’être un geste manuel et instinctif ; il s’agit en fait d’un processus mécanisé, faisant appel aux technologies les plus avancées. Pourtant, à l’exception de l’impression numérique (rendue possible uniquement grâce à l’informatique), presque toutes les autres techniques d’impression utilisées aujourd’hui sont en fait l’évolution technologique de procédés manuels conçus il y a des siècles et des siècles.
Les principales techniques de reproduction de signes imaginées par l’homme au cours des siècles sont décrites ci-dessous. Certaines sont aujourd’hui obsolètes pour une utilisation à grande échelle, mais restent appréciées dans le domaine artistique pour leurs particularités. D’autres techniques, en revanche, ont été progressivement perfectionnées et mécanisées pour faire face à la production industrielle, tout en conservant le principe de base de la technique.
Xylographie
Du grec ξύλον, xìlov, “bois” et γράφειν, gràphein, “écriture”.
La gravure sur bois est la plus ancienne méthode d’impression connue. La technique consiste à graver en relief une tablette de bois à l’aide d’une pointe, avec laquelle on enlève les parties non imprimantes. Les parties en relief sont ensuite encrées de telle sorte que, pressées sur un support (papier ou tissu), elles portent l’image miroir de la partie gravée.
La xylographie a également été utilisée pour imprimer des livres entiers, dont les matrices combinaient texte et illustration, jusqu’à l’introduction de l’imprimerie à caractères mobiles, inventée par Johannes Gutenberg dans la seconde moitié du XVe siècle.
Cependant, les gravures sur bois sont restées utilisées dans le domaine artistique. Plus récemment, le linoléum et l’Adigraf, plus souples et plus faciles à graver, ont souvent remplacé le bois comme support de gravure. On parle alors de linogravure.
Chalcographie
Du grec χαλκός, khalkòs, “bronze” et γράφειν, gràphein, “écrire”
La taille-douce est une technique de gravure utilisée pour représenter des illustrations. Contrairement à la gravure sur bois, elle travaille en positif et non en négatif : les éléments qui seront ensuite imprimés sont gravés directement sur la matrice.
Le procédé consiste à graver une plaque de métal, puis à répartir l’encre dans les creux, c’est-à-dire les parties gravées. Grâce à la pression exercée par une presse, l’encre déposée dans les parties évidées est transférée sur la feuille.
La méthode directe consiste à graver à la main, tandis que la méthode indirecte, connue sous le nom de gravure, repose sur l’utilisation de produits chimiques corrosifs pour graver le dessin préalablement réalisé sur la plaque métallique. Dans ce cas, la plaque est préparée avec des substances opaques, capables de résister à l’acide ; ensuite, à l’aide d’une aiguille, les substances sont retirées des parties à imprimer, qui seront ensuite gravées par l’acide. La profondeur de la gravure est donnée par le temps d’immersion.
L’héliogravure ou rotogravure est une évolution technique de l’impression en creux, qui utilise une machine rotative avec des cylindres gravés, obtenus par voie photomécanique. L’encre est transférée sur le papier à travers un système de cellules de différentes profondeurs. Plus les alvéoles sont profondes, plus elles peuvent contenir d’encre et plus l’impression est foncée.
En raison de sa brillance et de la grande fidélité de son rendu, l’héliogravure a été principalement utilisée, à partir de la première moitié du XXe siècle, dans le domaine des périodiques à grand tirage, d’où le nom de “héliogravure” comme synonyme de “magazine d’information”.
Lithographie
Du grec λίθος, lìthos, “pierre” et γράφειν, gràphein, “écrire”.
La principale caractéristique de la lithographie, qui repose sur la réaction chimique différente de la couleur et de l’eau, est que la partie imprimée et la partie blanche se trouvent sur le même plan. Le procédé consiste à utiliser un calcaire poreux d’un type particulier, que l’on dessine avec un crayon gras et que l’on immerge ensuite dans l’eau. Alors que les parties non dessinées absorbent un voile d’eau, celles qui portent la marque de graisse la repoussent ; une fois encrées, seules les parties préalablement marquées retiennent l’encre. En pressant la plaque dans la presse, l’encre se dépose sur le papier. En lithographie couleur, chaque couleur correspond à une matrice différente.
L’impression offset (de l’anglais, rebound) est issue de la lithographie, qui remplace la pierre calcaire par une plaque métallique, sur laquelle les caractères et les images sont imprimés à l’aide d’un film. L’impression sur papier se fait par l’intermédiaire d’un cylindre de caoutchouc interposé, qui transfère l’encre par rebond. La photocomposition a permis de graver la plaque afin qu’elle reproduise l’image avec une extrême précision.
Aujourd’hui, l’impression offset est le système le plus répandu pour les grands tirages.
Sérigraphie
Du latin seri, “soie”, et du grec γράφειν, gràphein, “écrire
La sérigraphie est une technique d’impression qui utilise un tissu comme matrice à travers laquelle l’encre est transférée sur le support.
Bien que la sérigraphie ait été introduite en Europe depuis l’Extrême-Orient au cours du Moyen Âge, son utilisation ne s’est généralisée que plus récemment.
Le pochoir sérigraphique, constitué à l’origine d’un tissu de soie, aujourd’hui remplacé par du nylon ou d’autres fibres artificielles, est scellé par une émulsion dans des zones définies afin de permettre à l’encre de pénétrer par les trous non scellés du tissu et de passer sur le support situé sous le cadre de sérigraphie. Le passage de l’encre à travers le tissu sérigraphique se fait par la légère pression d’une barre, appelée barre de pression ou raclette, dont le bord en caoutchouc appuie sur le tissu d’impression. Pour produire une sérigraphie multicolore, il faut fabriquer un pochoir pour chaque couleur.
Le grand avantage de la sérigraphie est la possibilité d’imprimer sur un grand nombre de supports, en dosant la quantité de couleur. C’est pourquoi la technique est aujourd’hui utilisée aussi bien dans un contexte artisanal (voir cet article pour ceux qui voudraient s’y essayer) qu’industriel, pour imprimer des panneaux de signalisation, des marques, des plaques, des vitres et des miroirs, des meubles, des appareils électroménagers, des équipements sportifs, des chaussures, des sacs, etc.