Guide du cyanotype

Guide du cyanotype

Eugenia Luchetta Publié le 6/11/2024

Guide du cyanotype

Le cyanotype est une méthode d’impression photographique qui produit des tirages caractérisés par la couleur typique du bleu de Prusse.

Le procédé a été mis au point en 1842 par le scientifique et astronome Sir John Herschel, qui l’a adopté principalement pour reproduire des notes et des diagrammes (un usage qui a été employé jusqu’au milieu du XXe siècle en architecture, d’où le terme anglais blueprint comme synonyme de planimétrie).

Anna Atkins, Dictyota dichotoma, à l’état jeune et dans les fruits,
extrait de la partie XI de Photographs of British Algae : Impressions cyanotypes, 1849-1850.

Anna Atkins, Dictyota dichotoma, à l’état jeune et dans les fruits,
extrait de la partie XI de Photographs of British Algae : Impressions cyanotypes, 1849-1850.

Anna Atkins, Dictyota dichotoma, à l’état jeune et dans les fruits,
extrait de la partie XI de Photographs of British Algae : Impressions cyanotypes, 1849-1850.

Anna Atkins, botaniste et photographe, fut la première à en faire un usage photographique. Elle publia un livre de cyanotypes d’algues, considéré comme le premier livre d’images photographiques de l’histoire.

L’impression de cyanotypes est un processus simple et gratifiant qui peut être facilement réalisé à la maison. Vous pouvez acheter les produits chimiques sous forme de poudre ou acheter un kit contenant les solutions déjà diluées (dans ce cas, vous pouvez sauter la première étape).

Il faut environ 50 tirages A4 :

  • 20 g de citrate vert d’ammonium ferrique
  • 8 g de ferricyanure de potassium rouge
  • 200 ml d’eau (de préférence distillée)
  • Balance
  • Cylindre gradué
  • Papier (doit être non acide et suffisamment épais)
  • Deux bouteilles ou récipients de 100 ml et un de 200 ml (de préférence en verre ambré)
  • Une bassine
  • Brosse ou éponge sans parties métalliques
  • Une plaque de verre au moins aussi grande que la feuille à utiliser.

Avertissement

Le cyanotype est une méthode sûre et viable d’impression photographique à domicile. Le citrate d’ammonium ferrique et le ferricyanure de potassium ne présentent aucun risque pour la santé. Cependant, vous devez faire preuve de bon sens et prendre des mesures de sécurité simples pour éviter d’ingérer ou d’inhaler ces substances. Vous devez couvrir la surface de travail, ne pas utiliser d’ustensiles ou de récipients qui sont également utilisés pour les aliments, ne pas stocker les solutions avec des aliments ou des boissons, et toujours porter des gants et un masque lors de la préparation et de l’utilisation des solutions.

Le ferricyanure de potassium devient dangereux s’il atteint des températures supérieures à 300°F ou s’il est mélangé à un acide fort. Il est donc important d’éviter ces deux situations, qui ne se produisent de toute façon pas dans le processus de cyanotypage.

1.préparation des solutions

Placez-vous d’abord dans une pièce aérée de la maison, où vous ne filtrez pas trop la lumière du soleil, et préparez votre plan de travail en le recouvrant de papier journal ou de plastique pour éviter que les solutions ne tachent les surfaces. Diluez ensuite le citrate ferrique d’ammonium dans un récipient avec 100 ml d’eau (solution A), et dans un autre récipient le ferricyanure de potassium avec la même quantité d’eau (solution B). Laissez les deux solutions dans un endroit sombre et sec pendant au moins 24 heures. Dans cet état, les solutions peuvent être conservées jusqu’à 6 mois, mais il est préférable de les utiliser dans les quelques semaines qui suivent.

2.préparation de l’émulsion

Pour préparer l’émulsion, mélangez les deux solutions à parts égales dans un récipient sombre. Il faut le faire dans une pièce où il ne filtre pas la lumière du soleil, mais il n’est pas nécessaire d’être dans l’obscurité totale, on peut garder une ampoule de 25 watts allumée à distance : en effet, l’émulsion n’est sensible qu’aux rayons ultraviolets.

Une fois mélangées, les solutions doivent être consommées le plus rapidement possible, sous peine de voir l’intensité et la sensibilité des couleurs diminuer. L’idéal est donc de préparer la quantité d’émulsion que l’on compte utiliser. À titre de référence, sachez que 200 ml d’émulsion (100+100) couvrent environ 50 A4.

3.enduction du papier

En continuant à travailler dans une pièce sans soleil, versez l’émulsion préparée dans un petit bac et, à l’aide d’un pinceau ou d’une éponge, étalez-la sur la surface du papier. L’objectif est d’enduire le papier le plus uniformément possible afin de ne pas laisser de traces ou de taches.

Le papier idéal pour le cyanotype est épais et solide (il devra résister à un bain d’eau), comme le papier aquarelle, mais différents types peuvent être testés pour voir la différence de résultat.

Une fois recouverts d’émulsion, les papiers mettent environ 30 minutes à sécher.

4.Exposition

Une fois les feuilles sèches, le processus d’impression proprement dit commence.

Placez la feuille émulsionnée sous la lumière directe du soleil et placez immédiatement les objets que vous souhaitez “photographier” sur sa surface, en la recouvrant d’une feuille de verre.

L’exposition est l’étape la plus critique du processus, car la lumière du soleil est variable et imprévisible, et la saison, l’heure de la journée et l’emplacement par rapport au soleil influencent la durée de l’exposition, qui peut varier de 3-4 minutes à 15-20 minutes, en fonction également du type de papier. Le mieux est donc de faire un essai préliminaire en exposant une image et en veillant à en couvrir une partie de plus en plus grande toutes les 2 minutes.

Sous le soleil, la couleur de l’impression commencera immédiatement à s’assombrir, mais il faudra attendre qu’elle commence à tourner au brun terne pour que l’impression soit prête.

5.développement et séchage

Une fois le temps d’exposition écoulé, placez le tirage dans une bassine sous un courant d’eau et rincez et secouez la feuille jusqu’à ce que la patine jaune s’enlève, laissant une belle teinte bleu foncé. Le tirage est ensuite mis à sécher à l’ombre pendant environ une heure.

Une fois sèche, l’image est fixée sur le cyanotype. Il est préférable de conserver les tirages à l’abri de la lumière directe du soleil, mais si jamais ils se décolorent, il suffit de les laisser quelques jours dans l’obscurité pour qu’ils retrouvent leur teinte d’origine.

6.Élimination.

Les résidus des produits chimiques utilisés peuvent être jetés dans les égouts domestiques, à petites doses et avec beaucoup d’eau, afin qu’ils ne restent pas concentrés. Ne jetez pas les substances à la poubelle.

Les cyanotypes se prêtent à l’impression d’une grande variété d’objets. Les plantes et les fleurs sont parmi les choix les plus courants et les plus efficaces car elles présentent des zones d’opacité différente qui imprimeront des couleurs légèrement différentes, mais aussi les plumes, les objets en verre et en plastique, les textiles et les broderies… Il vaut la peine d’expérimenter avec le plus grand nombre d’objets possible pour voir l’effet imprimé. L’expérimentation peut également porter sur le type de support utilisé : le papier, mais aussi le tissu, se prêtent à ce procédé.

La teinte bleue distincte des cyanotypes et la finesse des contours confèrent des qualités uniques à ces impressions, mais une partie de la beauté de la cyanotypie réside précisément dans son processus et son expérimentation.